Atelier 9 - Convention citoyenne pour le climat : Découvrir comment la participation citoyenne peut se mettre en place grâce au tirage au sort, avec le témoignage de Grégory Dos Santos, un des 150 membres de la convention.
Grégory est d'origine portugaise et est électricien. Il se perfectionne actuellement en formation de BTS électrotechnique. Il a vécu en Ile de France et habite actuellement à Rennes. Il a été sollicité pour faire partie de la convention, au départ par un simple SMS sur son téléphone à la suite d'un tirage au sort. C'était à l'automne 2019. "A l'époque, la politique je n'y croyais plus, avec les scandales et tout ça, je commençais à m'intéresser à la collapsologie (*) en me disant que le monde était foutu. J'ai d'abord cru à un canular, mais j'ai donné suite et j'ai vu que la proposition était sérieuse".
Rappelons que l'objectif fixé à la Convention citoyenne était de "Définir des mesures permettant de réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Le tout, dans un esprit de justice sociale."
Début 2020, les séances commencent à raison d'un week-end toutes les trois semaines et vont durer pendant 5 mois jusqu'à la remise des 150 propositions en juin. " C'était intensif et très bien organisé, on pouvait faire venir tous les intervenants-experts qu'on voulait avoir. Par tirage au sort j'ai été affecté au groupe "se nourrir", ce n'était pas le groupe que j'aurais souhaité, mais je me suis vite intéressé et impliqué. Vraiment, on était bien accompagné et soutenu dans nos recherches et nos échanges, ils ont mis le paquet". Les travaux de groupe alternaient avec les séances en tronc commun, c'était important pour maintenir la cohérence de l'ensemble. " J'ai même été élu au comité de gouvernance ! J'étais à fond, y compris pour la rédaction des propositions finales".
Même si le résultat final n'est pas au rendez-vous puisque la majorité des propositions ont été soit rejetées, soit édulcorées par le Parlement, Grégory reste très satisfait de cette expérience, qui lui aura redonné le goût de l'engagement politique, puisqu'il s'est présenté sur une liste écologiste lors des élections régionales de Bretagne.
Indépendamment du résultat, qu'est ce qui a fait le succès du processus ? La méthode et l'organisation sans doute, la liberté de faire appel à tel ou tel expert pour se faire un point de vue aussi ainsi que les moyens consacrés. L'absence de pression extérieure a joué... les députés et sénateurs ne sont malheureusement pas dans ce cas et exercent leurs fonctions sous la pression des lobbies.
Et pour nous, le tirage au sort peut-il être un outil de gouvernance dans les lieux que nous fréquentons : dans les associations et les communes, en CMR et dans l’Eglise ?
Oui, certainement, c'est un bon outil pour lever des freins, donner confiance, amener du sang neuf, on voit que ça marche, notamment quand il s'agit de recueillir un avis plus partagé, réaliser une activité ponctuelle, voire pourvoir à un mandat de représentation.
Mais sans doute pas pour désigner un responsable dirigeant, président ou trésorier… il existe alors d'autres méthodes d'interpellation consensuelle.
Jean-François Hivert
* collapsologie: étude de l'effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder